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Les pièges à limaces à surtout bannir. Et leurs rôles bénéfiques au jardin

Les limaces ne sont pas des nuisibles, au contraire ! Elles sont vitales pour une cinquantaine d'animaux qui en dépendent, surtout au sortir de l'hibernation. Comme pour tout animal, c'est le surplus de population qui peut les transformer en "ravageurs" pour le jardinier.

Les pièges à limaces à surtout bannir. Et leurs rôles bénéfiques au jardin

Chère lectrice, cher lecteur,

Merci pour vos retours positifs sur mon dernier post “oiseaux et limaces”, notamment sur le croquis avec les 3 barrières préventives contre les limaces.

Chose promise, chose dûe : voici la suite et fin ! 

  • Je vous avais dit que je vous donnerai plus d’infos concrètes et méconnues sur leurs rôles dans l’écosystème de votre jardin (et à 40km à la ronde).
  • et je vais vous expliquer aussi  pourquoi TOUS les pièges naturels à limace sont à BANNIR.
  • avec d’autres nouvelles alternatives 

Il n’y a pas un jour où je ne vois pas ce genre de propos sur les forums entre jardiniers 🙁


Mais ce n’est pas parce que les solutions sont “naturelles” qu’elles sont bonnes.


J’entends par là 100% efficace, respectueuse pour les limaces, les autres animaux et le sol.


Bien au contraire, comme vous allez le voir… (cette lettre est longue, je vous préviens).


Donc à l'issue de votre lecture, partagez en masse ces conseils autour de vous.



Allez hop, c’est parti ! 




Rôle n°1 : être mangé. Les limaces sont le plancton des sols.


Vous ne vous en doutiez sûrement pas, mais les limaces sont une source de nourriture principale pour un tas d’animaux sauvages, dont ceux qui fréquentent volontiers votre jardin. 


  • Les grenouilles, les hérissons, les taupes, mais aussi les orvets, sont de grands friands de limaces.

  • D’autres sont opportunistes et en consomment fort volontiers s’ils en dénichent : renard, sanglier, putois, rongeurs en tout genre.

  • Certains oiseaux en consomment aussi (surtout les grives et merles), bien que - de mon expérience personnelle, - je trouve qu’ils les boudent et préfèrent nettement plus les vers de terre aux limaces (à part en période de ponte où on ne refuse pas les protéines quelles qu'elles soient).

  • Mais ceux qui en raffolent encore plus, ce sont peut-être tous ces animaux bien plus petits : araignées, larves de vers luisant, carabes, silphes, driles, staphylins et j’en passe.

  • En effet, de nombreux insectes ou larves d’insectes s’attaquent à ces limaces pourtant 5 fois plus grandes qu'elles ! 

Ces insectes sont souvent méconnus, je vous mets leur doux portrait ci-dessous...

Surtout : être consommés pile au sortir d’hibernation ! 


Les limaces ont un pic d’apparition pile au sortir hiver et début printemps, parfaitement coordonné avec le réveil de plusieurs hibernants comme les hérissons qui sortent hagards et affamés de leur longue hibernation. 


Les hérissons étant, en France, en voie d’extinction, leur assurer des limaces au jardin, et un point d’eau, c’est les aider à survivre au moment de leur difficile réveil.


Car un des facteurs de leur disparition c’est justement le manque de nourriture (vie sauvage) des jardins. 




Les “pièges à bière pour limaces” sont en réalité des pièges mortels pour tous ces animaux qui dépendent des limaces en cette saison cruciale pour eux


Les pièges à bières sont parmi les pires pièges car oui, en effet, ils attirent à eux des centaines (et des centaines) de limaces dedans. 


Elles se jettent dedans et se noient (rappelez-vous : elles ne savent pas nager).


 Il y a une substance qui (loin de les enivrer), les rend folles en fait. Car les limaces se déplacent grâce à leur odorat (elles ne voient pas).




Donc pour elles tout est odeur :

  • odeur attirante (comme les feuilles des Hosta, ou des plantons malades)

  • odeur neutre (une plante en pleine forme)

  • odeur repoussante (d’où mon conseil sur les plantes aromatiques avec une odeur très forte répulsive pour elles).




2 autres choses que vous ne saviez peut-être pas, sur les limaces et ces pièges alcoolisés :



  • n°1 le mucus des limaces aussi a une odeur pour elles. 



Cela leur permet de remonter les pistes d’autrui (leurs congénères ! Et ces rencontres hasardeuses se soldent une fois sur deux par un malheur : c’est parfois une limace prédatrice de limace qui est sur sa piste… ou alors une limace amie qui cherche à s’accoupler si c’est la saison). 


Car sinon, les limaces sont assez solitaires.


Et donc si des centaines de limaces se mettent à converger en un seul lieu pendant des heures voire des jours… pour toutes se rendre dans votre piège à bière…mêmes celles qui sont trop loin pour humecter la bière… elles vont venir à ce piège mortel en suivant comme un mouton comme une limace les traces de ses paires.



  • n°2 : si si, les limaces peuvent parcourir plusieurs kilomètres par semaine 



Plusieurs mètres ou dizaines de mètres par jour pluvieux, ou par nuit fraîche.


Car elles ont besoin de cette humidité pour pouvoir se déplacer. 


Elles actionnent une glande qui sécrète ce mucus et elles glissent littéralement dessus (enfin, une partie seulement du “pied” de la limace - on nomme ainsi ce long bout visqueux car c’est physiquement son pied,). 


L’autre partie du pied de la limace étant fixée pour ne pas déraper ou tomber (s’il y a pas son poids dessus, le mucus se fige pour être stable et c’est aussi dur que du béton, pour elle). Plutôt bien pensé leur mécanique personnelle !




Bref, je vous en supplie : cessez les pièges à bière ! 

Et faites passer le mot pourquoi il faut cesser de le faire 👍





Rôle n°2 : les limaces travaillent encore plus que les vers de terre à la fertilité du sol


Eh oui !!


Elles ont un vrai rôle pour améliorer les sols, et cela ne date pas d’hier : elles existaient sur Terre bien avant les dinosaures ou les plantes à fleur… 


Et selon moi, elles sont quasiment concomitantes des premiers centimètres arables de terre sur Terre.




Et ce n’est pas pour rien : 


Elles ont le rôle à la surface de la terre d’y décomposer ce qui tombe, surtout ce qui y tombe mort (oui, rubrique nécrologique). 


Sans elles, et d’autres petits animaux détritivores, le sol ne serait pas un sol mais… un amoncellement de cadavres de différentes tailles (petits animaux, invertébrés, débris végétaux pourris,...) 


Pas glamour… n’est-ce pas ? 




Les limaces travaillent de concert avec les limaces, elles sont même en amont dans la chaîne : 


  • Car il faut voir le sol comme le résultat d’une chaîne d’ouvriers comprenant toute la famille des Gastéropodes (limaces, vers de terre, escargots etc… des centaines de milliers d’espèces différentes).

  • Et justement, sans limace, les vers de terre peinent à vivre. Car les limaces avec leur mucus et leur décomposition de débris à la surface du sol, elles créent une nourriture de surface très appétente pour les vers de terre qui en ont besoin, et qui remontent à la surface s’en délecter (ce faisant, ils créent donc des galeries verticales et ils améliorent la structure du sol - plus besoin de biner ou labourer).



Tous les membres de la famille des Gastéropodes travaillent de concert pour améliorer la porosité du sol et sa fertilité. 


C’est-à-dire, le graal que veut atteindre tout jardinier pour réussir à récolter de beaux légumes (quantité et qualité). 


Donc on ne peut pas se réjouir d’avoir des vers de terre et en même temps détester la présence des escargots ou des limaces





Si importantes, et si fragiles :


Les limaces ont su résister à plusieurs extinctions de masse sur Terre. 


Puisqu’on en retrouve encore aujourd’hui, intactes comme dans les fossiles d’il y a plus de 540 millions d’années (je ne sais pas si vous vous rendez compte, moi, ça me bluffe…).


On trouve des limaces partout dans le monde. Mais elles aussi… à cause de pratiques “naturelles” (comme on le voit aujourd’hui), et non naturelles : granulés chimiques etc…  et à cause d’espèces invasives qui mangent les limaces locales, les limaces bienfaitrices des sols sont menacées.




Enfin, on les trouve partout où il existe du sol :

  • elles sont très liées à leur environnement, (on dit souvent “endémiques” : qu’elles ne peuvent vivre que dans leur lieu d’origine).

  • Et d’ailleurs, celles qui peuvent conquérir d’autres lieux sont invasives car elles le font au détriment des premières installées.

  • Dans les endroits sans terre (type terre très sableuse, sous d’autres latitudes, ce sont les fourmis qui, par exemple, font offices de bons ouvriers du sol). 




Bref, à retenir : les limaces sont les alliés du sol bien portant.

Et faites passer le mot pourquoi,

les jardiniers ne le savent pas en détails en général 👍



  • Sans limace, pas d’humus dans le sol.

  • Or l’humus, c’est la fertilité du sol.

  • Donc sans limace, pas de récolte. 


Donc il en faut, c’est sûr. 




Rôle n°3 :  elles sont aussi là pour réguler les agents pathogènes 


Avant que les humains ne créent des jardins-potagers, les limaces étaient déjà fort occupées ;). 


Une autre de leurs missions est de repérer les plantes faibles ou malades, pour y enlever tout ou partie de la plante concernée. 




C’est en cela que je les appelais des “infirmières” des plantes dans ma précédente lettre.


Car une plante affaiblie diffuse elle aussi une odeur, qui attire les limaces.


Donc au lieu de lutter contre les limaces, il faudrait lutter contre ce message alarmiste de la plante, vous voyez ? 




Très souvent, ce sont de faux messages en plus.


Je m’explique : 


  • Si une plante a un réel agent pathogène sur ses feuilles,  il va donc coloniser toutes les plantes alentour, alors oui, c’est un vrai message d’alarme (comme l'oïdium par exemple).

  • mais en réalité c’est souvent vos jeunes plantons ou graines germées qui sont attaquées à tort par les limaces. Alors pourquoi elles émettent cette odeur alarmiste ces jeunes plantes ? 



Bien souvent car elles n’ont pas eu le temps de s’adapter à leur nouvel environnement.


Concrètement, vous avez fait vos semis dans une véranda ou chez vous, bien au chaud pendant des semaines et des semaines.


Puis, le calendrier et les beaux jours vous font signe qu’il est temps de les repiquer au jardin dehors.




Oui mais… c’est un peu trop brutal comme changement de milieu et de température pour vos jeunes plantes. 


Pour éviter cela, mieux vaut créer un saas de 4-5 jours pour ces plantons et jeunes semis en les mettant progressivement dehors (mais pas plantés encore) : vous mettez les pots à l’air quelques heures. Puis la journée. 


Puis plusieurs nuits dehors, afin qu’elles comprennent ce changement de degré, de milieu, et qu’elles se renforcent un peu. 


Ce saas intermédiaire crée un stress “positif” pour le planton, qui sera bien moins attaqué (voire plus du tout) une fois en terre, par les limaces



Je ne vais pas rentrer dans d’autres détails pour ne pas faire trop long 🙂




Regardons maintenant pourquoi les autres méthodes naturelles sont à proscrire, elles aussi : 


De nombreux jardiniers utilisent du sel qu’ils répandent sur les limaces vivantes… ou parfois même du vinaigre.


Ces procédés sont d’une cruauté sans nom, d’autant plus que les limaces respirent par la peau (plus précisément par la cavité sur le côté derrière la tête). 


D’autres mettent des coquilles d'œufs broyées, les limaces s’y coupent un peu partout mais pas suffisamment pour mourir d’un coup.


Dans ces 3 méthodes : les limaces agonisent lentement, et personne n’aime gérer les cadavres de limaces chaque jour au jardin, (encore moins les bassines de bière remplies de centaines de limaces…) 




Et puis, comme si cela ne suffisait pas, ces techniques sont rarement efficaces à 100%, et en plus, elles font du mal au sol aussi ! 


Car l’apport de sel ou de vinaigre tue aussi les habitants (microscopiques, ou pas) du sol, mais cela sature aussi l’eau dans le sol et cela nuit immédiatement et durablement aux racines. 


On ne peut pas enlever ces apports salés et acides une fois qu’ils sont dans le sol… et les fortes pluies vont lessiver ceci pour les faire descendre dans les nappes phréatiques ou cours d’eau près de chez vous.


Apportant son lot de malheurs pour les autres habitants des cours d’eau 🙁



A la rigueur, la technique d’entourer de fil de cuivre son potager est la plus efficace. 

Mais à nouveau, cela tue lentement et cruellement les limaces, et pas toutes. 




Non, vraiment faites-moi confiance : 

pour venir à bout du surplus de limace faites ceci : 

Appliquez les conseils de ma lettre précédente,

et ajoutez cette dernière astuce suivante👍



Vous pouvez retrouver ma dernière lettre en tapant ceci dans votre messagerie “Oiseaux et limaces : mes 10 conseils en or... éprouvés !”.  C’était le titre de ma lettre.


Je vous conseille également d’ajouter l’astuce ci-dessous.



L’astuce ultime de plus à faire, en automne :

Pour bien comprendre la scène de cette photo, il faut s’imaginer les poules qui gambadent et picorent par-ci par-là, grattant le sol pour voir s’il n’y a pas quelques friandises à becqueter. 



Et là, rugissement du tonnerre ! 


La poule se met à trouver une mine d’or : des oeufs de limace enfouis à quelques centimètres dans le sol : 

Œufs de limaces, en très zoomé 


Loin de faire la discrète et de manger en solitaire, elle ameute la troupe.


Le coq et les autres poules surgissent d’un coup et c’est le branlebas de combat !


Ils font un raffut sonore et ils griffent la terre dans tous les sens, vous labourant littéralement la zone. 


Sachant que les poules ont une hiérarchie sociale très marquée, il y a parfois des disputes en plus… 




Bref, vous l’aurez compris, la meilleure façon d’éliminer le futur pic de limace du printemps c’est de s’y prendre l’automne d’avant : 


En éliminant quelques lieux de pontes. Les poules ne vont pas éradiquer tous les œufs, mais suffisamment pour éviter une surpopulation.


Je m’explique : 


  • les limaces adultes pondent leurs œufs en automne,

  • puis, elles ne meurent pas (contrairement à d’autres animaux, comme le vers luisant qui pond ses œufs au même moment et qui - mâle comme femelle - s’éteignent littéralement juste après…).

  • les limaces s’enterrent ensuite un peu plus profondément dans le sol, pour hiberner et resurgir au printemps.




Hibernation à -5cm dans le sol


En général, elles creusent peu profondément (5cm) et cela leur suffit pour avoir un sol suffisamment frais et humide pour y dormir les nuits, dans l’année.


Mais pour passer le cap de l’hiver, il faut qu’elles hivernent encore un peu plus en profondeur encore. 


Et elles survivent - à moins que le sol soit totalement gelé pendant plusieurs semaines, là, elles n’en réchappent pas.




Donc le pic du printemps c’est les anciens adultes qui se réveillent + les oeufs qui éclosent 


Les limaces sont vraiment l’équivalent du plancton également parce qu’ils vivent assez peu de temps (à cause de leur prédateurs).


En général, les limaces vivent moins d’un an, alors qu’un vers de terre peut vivre 8 ans en moyenne (bon en même temps, ils sont moins souvent à la surface de la terre si on ne les dérange pas avec du labour…).




Bref, à retenir : louer des poules en automne,
pour éradiquer quelques lieux de pontes de limace 👍



L’idée peut sembler saugrenue à certains.



Pourtant, ce n’est pas si compliqué que cela, quelques pistes pour y arriver : 


  • Tapez simplement “location de poule” + votre département sur internet.

  • Vous verrez qu’il y a de plus en plus de micro entreprise qui louent des poules (pour avoir des oeufs) et même dans les villes (le mouvement a commencé au Canada et il se développe maintenant en France).

  • Mettez une annonce sur LeBoncoin.fr en précisant votre besoin (location poule à la journée).

  • Appelez le maraîcher ou l’agriculteur du coin qui pourra vous donner quelques contacts, s’il n’a pas de poules lui-même.

  • Si vous avez des voisins ou des maisons qui ont des poules, osez frapper à leur porte pour leur demander ce service (mais ne prenez les poules qu’en journée, pas le soir car vous n’avez pas d’abris poule et cela serait trop risqué en cas de fouine ou de renard !).


Aussi, pensez à bien délimiter les zones où elles auront le droit de farfouiller le sol ou pas, car en cas de magot déniché, elles vont vous gratter le sol encore mieux qu’un coup de binette.




Voilà je m’arrête là !


Vous en savez plus sur les principaux pièges à limaces, leurs rôles dans la nature (et vos jardins) et les alternatives que je vous recommande pour neutraliser le pic sans nuire aux autres animaux de la chaîne (amont-aval) qui dépendent des limaces.



Comme d’habitude, si cette lettre vous a plu ou appris des choses, n’hésitez pas à me laisser un commentaire ici sur Google Avis, c’est toujours une joie de découvrir chaque jour vos avis postés ! 🙂




Belle journée !

Amicalement


Florence
Restez Nature, c’est le début de Tout


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Florence