Comment créer un potager en permaculture

Sommaire de cet article 🙂 :

  • Faut-il labourer le sol ? avantages et inconvénients
  • Les outils pour travailler le sol (avec ou sans labour)
  • Exemple 1 dans un jardin : la grelinette suffit
  • Exemple 2 dans un jardin : les dégâts du motoculteur et comment rattraper le coup...
  • Exemple 3 : le travail du sol a été fait par les plantes
  • La règle à retenir pour le travail du sol : avant, pendant et après votre création du potager

Une question qui divise les jardiniers

Ce sujet divise les internautes, les jardiniers, les voisins, les générations…parfois même les familles.


Ce sujet, c’est le soin au sol :

- on le “travaille” ou pas ?

- on pratique le labourage, ou pas ?

- on le bine, ou pas ?

- on le greline, ou pas ?

- on le plombe, ou pas ?

- on le ratisse, ou pas ?

- (on le paille, ou pas ?)

- etc…

- au secours !


Pour certains, c’est une évidence : évidemment OUI, ou évidemment NON.

Dans ces 2 cas : il n’y a pas de juste milieu.


Justement, méfiez-vous des évidences


Le jardinage naturel 100% réussi est un jeu d’équilibriste.
Ni une jungle sauvage, ni un green de golf. Mais un entre-deux !


Donc aujourd’hui je vous partage 3 cas méga concrets chez des élèves, dans leurs jardins


Pour montrer dans quelle situation :


- il FAUT travailler le sol


- il ne faut PAS travailler le sol


- on peut travailler le sol, mais c’est une option


Le jardin peut d’ailleurs traverser ces 3 phases différentes, donc cela va parler à tout le monde. C’est parti.


Cas n°1 - on DOIT travailler le sol - exemple chez Anatolia

Permettez-moi quand même une rapide digression très éclairante, avant d’arriver aux photos du jardin d’Anatolia.


Partons sur de bonnes bases :

Le travail du sol, cela veut dire très concrètement le retourner sur ses 15-30 cm de profondeur, par exemple dans un jardin, on peut utiliser ceci pour le faire :


Maintenant depuis les années 1960 qu’une telle pratique est destructrice :


du sol (de la vie du sol), et cela dans les jardins comme dans les champs...

...si :


- si c’est fait de manière trop régulière

- si c’est fait trop profondément dans le sol

- si c’est fait alors que ce n’était pas la solution à apporter

Vous remarquerez le "trop" à chaque fois : sur dose de ce travail du sol.


Car le travail du sol c’est comme les antibiotiques : ce n’est pas automatique.


D'ailleurs, c'est une règle générale valable dans tous les jardins : si on le fait de manière automatique ça devient carrément… CONTRE PRODUCTIF pour nos récoltes.


(C’est d’ailleurs le drame actuel des sols de l’agriculture intensive.

Mais restons sur le cas des jardins dans cette lettre-ci, si vous le voulez bien).


Nos ancêtres ne sont pas fous. Il y a bien des vertus au labourage en soi :


Labourer un champ est une pratique très vieille et très répandue.


J’aime chiner les vieux ouvrages de jardinage, d'horticulture, d’apiculture etc… c’est une façon de contacter le savoir des aînés des années.


Ici des livres d’avant 1930 :


Dans tous ces livres, le labourage est une constante dans leur vision du jardinage. Ils parlent même de “défoncement du sol” (!).


Voici pourquoi le labourage est utile :


Principalement car une plante a besoin de 2 choses :


- un sol avec une bonne structure

- un sol avec une bonne fertilité


Le labour de surface améliore “seulement” le point 1 : sa structure.

Car une bonne structure c’est un sol aéré.


Cela peut parfois étonner les débutants mais, toute plante a besoin d’un sol avec une porosité, pour laisser passer l'air et l’eau.



C'est logique :


Rien ne pousse sur un sol tassé.

(Ou alors, des plantes spontanées qui ont le rôle de le décompacter : ronce, chardon-marie etc…).


Donc en créant illico presto une bonne structure, on peut ainsi créer une parcelle cultivable.



Mais le faire à coût non négligeable : retourner le sol tue la majorité de ses habitants (microscopiques, les plus importants).


Tout simplement parce qu’à chaque “couche du sol” vivent des êtres très différents


- Certains vivent avec l’air (comme nous, les animaux).

- Certains vivent privés d’air (comme certaines bactéries).


En retournant les 30cm cm du sol (ou même 10..) on mélange le tout de manière funeste… comme si on mettait les poissons sur des branches et les oiseaux dans l’eau…



Donc pour éviter ces inconvénients de taille, nos aînés prenaient grand soin :


- d’ajouter systématiquement une couche de compost mature ou de fumier pour aider le sol fraîchement labouré à se recréer rapidement une bonne structure


- ils attendaient plusieurs jours avant de cultiver un champ labouré


- et une fois la récolte passée, ils ne recultivaient pas dessus, ils allaient exploiter un autre terrain. On parlait alors de “jachère” pour laisser chaque parcelle se reposer au moins 1 an, avant de la retourner une nouvelle fois.


Donc le labourage en soi ne veut rien dire, c'est plutôt comment on le fait, à quelle profondeur, à quelle fréquence, ce qu'on fait après ou pas... etc !


Reprenons maintenant le cas du jardin d'Anatolia, dans notre cas d'école n°1

Chez elle, on est parti d’une pelouse pour créer un petit potager.

On était obligé de travailler le sol pour enlever au moins la couche de gazon là où on voulait faire les plates-bandes.


Donc pour cela un coup de binette a facilement permis de “décaper” le gazon.


Restait à savoir si on avait besoin de retourner le sol sur 15-20cm.


On a donc fait un rapide "test de structure" du sol


Pour ce faire :


- on a utilisé une bêche

- (une fourche ou une grelinette font aussi l’affaire) pour voir si on arrivait facilement à l’enfoncer dans le sol.


Et là bonne surprise, ça rentrait assez facilement, voire très facilement selon les zones du gazon.


Résultat du test : la structure du sol sous son gazon est bonne, aérée.


Donc la grelinette a suffi, on a pas eu besoin de retourné le sol au labour.


La grelinette, c'est l’outil par excellence…Pour avoir les avantages du labour sans les inconvénients !

Voici ma grelinette à 4 dents (il existe aussi des modèles à 3 ou à 5 dents) :

La grelinette ne retourne pas le sol, mais elle l’aère, elle le décompacte.


Elle tue donc beaucoup moins les habitants du sol, voire quasiment pas car elle entre de biais dans le sol!


C’est le moindre mal possible pour travailler un sol.


● Donc on a greliné pour décompacter le sol

● puis on a quand même enlever le gazon à l’aide de binette et de nos mains



On aurait pu utiliser le motoculteur si :


Le test de structure s'était révélé mauvais (très tassé, impraticable), et qu’un outil manuel comme la bêche ne s'y enfoncerait pas du tout.


Mais on aurait utilisé le motoculteur QU’UNE SEULE FOIS : à la mise en place du potager.


Les saisons d'après, on aurait seulement greliner le sol.



Voilà pour le cas d’une pelouse :


mais si on crée un potager sur une friche avec des tas de ronces etc… on ne peut même pas faire le test de la bêche.


La phase motoculteur s’impose donc, et la phase soin qui en résulte aussi

(j’en parle en fin de ce post).


Cas n°2 - on ne DOIT PAS travailler le sol - chez Chiara

Chez Chiara, c’est une tout autre histoire :

C’est une parcelle de jardin ouvrier, exploitée sans relâche depuis presque 70 ans.


Elle a obtenu la parcelle il y a 4 ans, et son histoire vire du rêve au cauchemar.


Sensibilisée au jardinage naturel, elle avait d’emblée utilisé une grelinette la première fois, pour préparer son potager.


Sauf que, "détail qui tue"… elle a galéré comme un forçat pour le faire.



Une erreur de débutant : ne pas savoir "si c’est normal, ou pas"


Comme c’est sa toute première expérience, elle ne sait pas qu’une grelinette ne s’utilise que dans un sol malléable.


Ce qui n’est clairement pas son cas.


Elle a fait ça 2 fois dans l’année, abîmant son outil, et le sol devenant dur, encore plus dur.



La saison d’après, impossible d’enfoncer quoi que ce soit.

Elle a donc loué un motoculteur, dépitée


Elle se doutait bien que c’est le pire pour la vie du sol…


mais finalement le motoculteur a fait “le job” (je la cite) car ils ont pu récolter un peu, le jardin n'était pas super beau mais ça poussait mieux.

Jusqu’à que cela ne pousse plus du tout, d’année en année


Le cercle vicieux du motoculteur cauchemardesque s’est durablement installé :


- Pas de jachère

- pas de soin du sol (structure/fertilité…)...

- l’usage intempestif du motoculteur

= de moins en moins de vie dans le sol, puis presque aucune.


Aucune plantation n’y survit, que les mauvaises herbes et encore.



Elle a tout simplement TROP et MAL travaillé son sol.


Le motoculteur n’opère plus aucune magie, ce n’est plus vraiment de la terre d’ailleurs :


- quand il pleut c’est comme du béton

- quand il fait chaud ces étés de canicule, ça se fend un peu partout



Mais la bonne nouvelle c’est que :


En 1 à 2 saisons (surtout si on s’y prend en automne), on peut remettre sur pied un sol (structure et fertilité), du moins déjà voir un net effet avant/après.


Même les déserts peuvent devenir des sols cultivables.


Ils sont à l’état de “substrat” inerte, mais des permaculteurs ambitieux comme Geoff Lawton (un Australien contemporain) ont réussi à reverdir des déserts en Jordanie, par exemple.


Je vous mets en fin de ce post le protocole complet de régénérescence du sol que j’ai proposé à Chiara.

Cas n°3 - on peut travailler le sol EN OPTION -

exemple chez Gundula

Chez Gundula, le cas est encore différent.



Elle a un potager naturel, bien portant voire trop ensauvagé :


- Les plantes couvre-sol ont conquis les différentes plates-bandes au détriment des anciennes cultures,


- et leur feuillage est si dense qu’on ne voit plus le paillage en dessous des plantes



Gundula n’ose rien arracher.


Le chemin a été enseveli, il devient difficile de l’entretenir en l’état.

Elle me consulte pour savoir comment procéder à une autre version du potager.


Je lui ai proposeé un design de réaménagement du potager et du jardin.


Quant au sol : rien à faire, ne surtout pas le retourner, il est en très bon état.


Le travail de ses plantes a déjà structuré et fertilisé le sol, elle a un SUPER sol.


Donc on ne va pas commencer à tout gâcher en le retournant sans raison.



Le plus simple dans son cas c’est :


1- Forcer les plantes actuellement en place à s’éteindre en 2-3 mois pour nourrir le sol encore plus et laisser place nette à d’autres futures plantations.

Comment procéder ?


Pour cela elle bâche toute la zone pour la priver de lumière, ce qui prive les plantes de croissance.


2 - Puis à l’aide de la grelinette, elle peut arracher les grosses tiges qui resteraient à la surface en soulevant la motte où elles sont, plus facile ensuite pour tirer la plante.


Elle se retrouve avec un potager où elle peut tout reconcevoir, et un super sol avec une structure intacte, et encore plus nourrie.


C’est en somme une stratégie “engrais verts” mais avec les plantes déjà en place.


Je vous reparlerai de ce concept une autre fois.



J’espère maintenant pour vous …que c’est plus clair cette notion de travail du sol.


Et la nécessité de traiter le sol au cas par cas selon l’état de structure.

Voici également le PDF de cure du sol

si vous êtes dans le cas de Chiara :


La règle ultime à retenir, dans tous les cas et tous les jardins :


- on dérange le moins possible le sol

(1 fois idéalement seulement, avec un motoculteur ou la bêche)


- si on le dérange, on présente nos excuses pour réparer les dégâts

(on le fertilise, on le nourrit, on l’arrose, on le paille, on attend un peu avant de cultiver, et dorénavant on troque la bêche pour la grelinette, et parfois la binette en surface, délicatement)


Bon c'était encore un peu long, mais comme c'est la première semaine ensemble, je veux vous donner un max d'info utile et méconnue, vous pouvez le lire à votre rythme.


Voilà, j'espère que cet article vous aura plu !



Si c'est le cas, n'hésitez pas à partager l'existence de ce blog et de son infolettre autour de vous.


Et si vous n'êtes pas encore abonné à mon infolettre hebdomadaire, n'hésitez pas une seconde, il suffit de renseigner votre email dans l'encart ci-dessous !


Amicalement,

Florence

Recevez votre kit de bienvenue :

Découvrez ces 2 techniques ancestrales :

l'art d'associer les plantes et les variétés spéciales qui permettent de récolter...toute l'année !

Pour vous souhaiter la bienvenue dans ma newsletter sur les clés du jardinage 100% naturel, réussi, harmonieux.

A tout de suite, Florence !

En recevant vos cadeaux, vous serez inscrit à mon infolettre gratuite où j’envoie plusieurs astuces chaque semaine dans ces thématiques : jardinage et bien-être au naturel à 100%

Vous pourrez vous désabonner à tout moment en bas de chaque email que je vous enverrai. Je ne vendrai jamais votre email à des tiers ! Cela me sert juste à vous écrire de vous à moi. Pour en savoir +, n’hésitez pas à consulter la politique de confidentialité ici. A tout de suite ! Florence

Le mot de la fin ?
"On est toujours l’imbécile de l’un ET le génie de l’autre...
alors soyons nous et partageons." Florence

Tous droits réservés 2024 | Seconde Nature ©

Reproduction partielle ou totale interdite.